vendredi 6 novembre 2015

J'ai lu : Les Arcanes du Chaos de Maxime Chattam.



Célibataire parisienne sans histoires, Yael est loin de se douter qu'il existe des secrets qui mettent en danger ceux qui les découvrent. Le jour où des ombres apparaissent dans ses miroirs pour lui parler codes secrets et sectes millénaires, elle se croit folle ou possédée.
Projetée dans un jeu de piste infernal, pourchassée par des tueurs, Yael se trouve au coeur d'une lutte ancestrale. Et si l'histoire n'était que manipulation ?


Cela faisait quelques temps que je me demandais à quoi ressemblait la plume de Maxime Chattam. J'en avais entendu beaucoup de bien. La liste de ses romans commencer à être longue, je ne savais pas bien par où commencer. En général, pour découvrir un auteur, j'aime bien un stand-alone. Juste au cas où je serais déçu.
Le 4ème de couverture des Arcanes du Chaos m'a parlé, je l'ai donc entamé avec un certain enthousiasme. 
Rapidement, la plume de l'auteur m'a convaincue. Ses personnages sont intéressants, fouillés, crédibles. Il a un très bon style, qui sait mettre en lumière les détails, donner vie à ses décors et plonger le lecteur dans son univers. Yael est une jeune femme assez ordinaire, mais suffisamment singulière pour être attachante. On la suit dans sa vie quotidienne qui ne tarde pas à basculer. 
Thomas, reporter international, vient habilement compléter Yael. Grâce à lui, les mystères se révèlent, car sans ses connaissances, on ne pourrait que rester en surface des événements. J'ai beaucoup apprécié la plongée dans les souterrains de Paris, le réalisme des scènes et le rythme qui s'installait. Du tout bon, avec en incrustation, des citations du blog d'un certain Kamel Nasir, qui nous immerge dans un univers de complot permanent et fausses apparences. 

Tout allait bien jusqu'à l'entrée en scène de Kamel Nasir, en chair et en os, et plus simplement en blog. Le personnage en lui-même est très peu caractérisé. On sent très vite qu'il n'est pas là pour exister, mais pour le rôle qu'il doit remplir, aider les deux personnages principaux. Il est transparent comme l'eau claire, et surtout, extrêmement prolixe. 
Les propos qu'il tient, toujours sur la théorie du complot et son fonctionnement, sont plutôt intéressants. Mais au bout d'un moment, je ne savais plus ce que je lisais. Un roman ? Un essai sur la manipulation des masses par une élite ? Le rythme est retombé lourdement, noyé dans des considérations certes intéressantes, mais de prime abord trop poussées. J'ai eu l'impression que l'auteur, qui a dû faire beaucoup de recherches pour écrire son roman, s'est senti obligé de les partager avec son lecteur. De gré ou de force.
Malgré tout, l'intrigue continue de se tisser, les mystères s'éclairent à mesure que d'autres énigmes apparaissent. En cela, les idées de Maxime Chattam sont très bonnes, et c'est ce qui m'a motivé à poursuivre ma lecture. Je me demandais quand même où il voulait m'emmener avec tout ça.

Arrivent alors des tueurs, hommes de main, nettoyeur, appelez-les comme vous voulez. À quelques occasions, l'auteur en fait des personnages de point de vue. Là encore, je regrette que ces personnages soient cantonnés à ce qu'ils représentent dans l'histoire. Ils sont sans épaisseur, sans particularité et laissent indifférent. D'autant que leur prise de parole n'est jamais indispensable à la bonne marche de l'histoire. Seul Yael et Thomas sont vraiment travaillés, les autres ne font que servir, mais donnent la sensation que toute cette histoire est vaste. De fait, elle l'est, et on voyage beaucoup. D'abord en France, puis en Suisse, avant de finir à New York.

Les pièces de l'ingénieux puzzle s'assemblent peu à peu, on y voit plus clair mais on ne devine jamais vraiment le fond de l'histoire. En cela, le roman est bien écrit. Malgré tout, j'ai relevé un détail choquant. 
Désolé chers lecteurs, mais je suis obligé de spoiler un peu le roman. Si vous ne l'avez pas lu et voulez vous épargner une petite révélation, je vous invite à sauter le passage suivant que je vais rédiger en italique.

La mort de Bonneviel est tout simplement inconcevable de la façon dont l'auteur la décrit. C'est un meurtre tout simple et habillement maquillé. Mais sachant l'importance, le poids et la puissance de Bonneviel, comment se fait-il qu'il ne soit pas mieux protégé, informé ? Surtout, sachant ce qu'il essaye de faire, comment penser qu'il n'a pas pris davantage de précautions ? C'est beaucoup trop facile, d'autant que sa mort est, à priori impromptue, improvisée. Yael va chez lui, au passage, hop, on le liquide, comme un simple quidam. Pire : sa mort en elle-même ne sert à rien. Tout ce qu'il fallait, c'est qu'il ne puisse pas parler directement à Yael. Le tuer ainsi le décrédibilise dangereusement, même si je comprends qu'il devienne une cible. 

Voilà, fin du spoiler.
On se retrouve donc, pour finir, à New York. Le voyage outre-atlantique se fait un peu attendre, car on comprend vite qu'il est inéluctable, on en fait que parler des états-unis depuis le début. Toutefois, l'auteur nous réserve une intéressante surprise finale, qu'on ne voit effectivement pas venir. De ce point de vue-là, c'est plutôt bien joué, mais ça ne rachète pas entièrement les nombreuses erreurs du roman.

D'abord, des personnages secondaires insipides. Ensuite un rythme qui, passé le premier tiers, cesse d'exister. Ça devient même très poussif malgré de bonnes scènes. Un gavage d'informations qui tourne trop à la répétition sur le même thème. J'ajouterai la partie que j'ai mise en italique, vous pourrez y revenir si vous lisez le roman. Au final, de bonnes idées, de quoi faire un roman très exaltant, mais un potentiel en grande partie gâché par un travail insuffisant sur le schéma narratif. Sans être mauvais, ce roman me laisse une sensation amère, parce qu'au vu du début, je m'attendais à beaucoup mieux. Mais peut-être n'ai-je pas choisi le meilleur roman de Maxime Chattam. Je retenterai une prochaine fois, car je pense que l'auteur a beaucoup de qualités et doit pouvoir raconter une histoire de manière beaucoup plus prenante.

1 commentaire:

  1. Le premier Maxime Chattam que j'ai lu, c'était le 5ème règne. Et j'avais bien aimé. Les Arcanes du Mal, perso, je n'ai pas terminé le livre...

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