dimanche 13 novembre 2016

Le style et ses figures

Voilà quelques temps que je voulais écrire un article à propos du style, mais je ne savais pas comment l'aborder. Ce n'est pas un sujet simple, chacun ayant sa vision de ce qu'est le style et, surtout, de ce qu'est un bon style.

Finalement, c'est une discussion sur Cocyclics qui m'a permis de résoudre le problème. Si vous vous y promenez, vous pourrez trouver un sujet demandant si vous utiliser les figures de style. Je n'ai répondu que brièvement, même si un millier de réflexions me venaient à l'esprit. J'ai estimé que ce n'était pas le lieu pour tout dire, je craignais aussi que ma vision des choses puissent heurter certaines personnes. Surtout que l'auteur du premier post affirmait essayer de placer des figures de style et se demandait comment faire.

Mon point de vue est que le style doit être au service du roman. Il doit permettre au lecteur de plonger dans l'histoire, de voir ce que les personnages voient, de s'infiltrer dans leurs pensées. C'est une ligne téléphonique, sur laquelle vous avez branché un micro espion pour donner le récepteur à vos lecteurs. Mais si votre ligne est trop longue, ou tortueuse, ou qu'elle fait de jolis dessins, vous parasitez la réception.

Je ne me suis jamais considéré comme un esthète de l'écriture. Je n'ai plus écrit de poésie depuis le CM2 - et encore, à l'époque, c'était de la poésie humoristique, à mille lieues de Baudelaire ou Ronsard. Je me plais à penser que je suis un raconteur d'histoire. J'espère que cela se ressent à la lecture de mes nouvelles et que ça se ressentira encore plus quand mes romans seront publiés.

Je ne doute pas qu'on puisse trouver une allitération jolie, qu'on puisse s'amuser d'une hyperbole, ou trouver les allégories poétiques, et je crois même que ça m'est arrivé une fois ou l'autre. Mais je ne fais pas confiance aux figures de style. Surtout quand on les invite consciemment.

Quand j'écris une nouvelle ou un roman, je veux partager une histoire avec mes lecteurs. Ce qui importe le plus, c'est qu'on puisse comprendre et apprécier mes protagonistes, avoir envie de connaître la suite de leur aventure, ressentir ce qu'ils ressentent. Je veux aussi partager les images qui naissent dans mon esprit, parce qu'elles sont ce que les personnages perçoivent. Dès lors, je choisis les mots les plus justes, pour que les éléments essentiels puissent résonner dans la tête des lecteurs et qu'ils voient ce que les personnages voient. Si une émotion doit naître chez le lecteur, je souhaite qu'elle soit en lien direct avec ce que je raconte. SURTOUT PAS avec la façon dont je le raconte. En fait, j'aimerais que mon écriture disparaisse. Que la ligne téléphonique devienne une ligne télépathique, invisible, impalpable, mais qui offrirait une retranscription dépourvue de tout parasite.

Dès lors, les figures de style ne peuvent pas me plaire. Pire : hormis mes bêta lectrices et bêta lecteurs, dont la tâche ingrate est de disséquer mon manuscrit, j'espère que personne n'en relèvera jamais. J'aurais trop peur que cela signifie que le contenu de l'histoire n'est pas assez captivant et que, pour passer le temps, le lecteur s'amuse à compter les aphérèses ou les apocopes  que j'aurais pu laisser traîner.

Le pire est qu'il est impossible d'éviter toute les figures de style, sauf à n'écrire qu'avec des phrases composées d'un sujet, d'un verbe et d'un complément. Car, figurez-vous que, des figures de style, on en fait tout le temps ! Vous l'ignoriez ? Moi aussi, jusqu'à ce qu'une participante du forum nous propose ce lien vers un récapitulatif des figures de style.

Sur le coup, j'ai ri. Oui, il y a des gens qui s'amusent à donner des noms savants et pompeux aux moindres petits écarts auxquels on peut se livrer à l'écrit. Je soupçonne même qu'ils soient payés pour ça. Et donc, oui, j'emploie des figures de style à longueur de temps. Mais voilà : je ne le fais pas exprès. Et je ne le ferai jamais exprès, car ce n'est pas mon but.

Je crois que je pourrai m'étendre encore longuement sur ce sujet mais j'ai dit l'essentiel. Et qu'on ne se méprenne pas : je n'ai rien contre les figures de style chez les autres. Mais je ne veux pas de ça chez moi ;)