mardi 27 mai 2014

Match d'écriture des Imaginales 2014

Depuis 2012, Présences d'Esprits organise un match d'écriture chaque année lors des Imaginales. Cette année, avec Anaïs La Porte et Guillaume Fourtaux, deux collègues auteurs, nous avions décidé de nous lancer dans cette aventure. Les textes de l'équipe gagnante sont publiés dans AOC.

Qu'est-ce qu'un match d'écriture ?


En un temps limité, il s'agit d'écrire une nouvelle sur un des thèmes proposés.
Ici, le match regroupait six équipes de trois auteurs. Trois thèmes ont été tirés au sort au début du match, avec charge aux membres de chaque équipe de se les répartir.
Cette mission accomplie, nous avions huit minutes de réflexion pendant lesquelles il nous était interdit d'écrire. Ensuite, nous disposions d'une base de 1h37 pour rédiger, relire et au besoin, corriger nos récits.
Celles et ceux qui trouvaient ce temps trop court pouvaient choisir des contraintes, qui leur accordaient 15 minutes supplémentaires. On ne pouvait en prendre que deux au maximum.


Les équipes

La particularité du match des Imaginales est d'opposer des équipes de "Pros", c'est-à-dire des auteurs édités et invités par le festival, à des équipes "Amateurs", à savoir des auteurs non édités, ou pas invités par le festival. Il y avait en tout quatre équipes d'amateurs contre deux équipes de pros.
Pour notre équipe, puisque Guillaume a déjà un roman à son actif, c'était limite. Mais l'organisatrice a accepté de nous inscrire, dans la mesure où Anaïs et moi sommes d'authentiques amateurs.
Nous avions donc face à nous une première équipe pro composée de Cindy Van Wilder (lauréate du prix Jeunesse de cette année), Anne Rossi et Thomas Geha.
L'autre équipe pro voyait figurer Jeanne-A Debats, Sylvie Lainé et Jean-Claude Dunyach.
Autant vous dire que nous n'en menions pas large devant à un tel panel.
Pour tout arranger, ni Anaïs ni moi n'avions jamais écrit de nouvelle aussi courte dans un temps aussi limité au moment de notre inscription. Opération kamikaze ? Oui, sans l'ombre d'un doute ;)

Entraînement

S'agissant d'un match par équipe, où pour déterminer les gagnants on fait la moyenne des notes obtenues par chacun des membres, je voulais à tout prix éviter de faire chuter mes partenaires.
Pendant plusieurs semaines, alors que j'hésitais à m'inscrire, je n'ai pas cessé de me demander si je serais capable d'écrire une nouvelle en 1h45 (car oui, j'avais mal compris le règlement : je pensais qu'on avait 8 minutes de réflexion suivies de 1h45 de rédaction). Jusqu'alors, ma nouvelle la plus courte tenait en 24000 signes espaces comprises (ça fait environ 8 pages A4, interligne simple en TNR 12.) Je savais qu'il me serait impossible d'écrire autant de pages en si peu de temps.
Je me souvenais d'un appel à textes, intitulé Mondes Virtuels, Mondes réels, sur lequel je m'étais échiné pendant plusieurs jours à écrire une histoire. Pour cet AT, il ne fallait pas dépasser 25K SEC. Ma seule intro en faisait déjà 10K, ce qui m'avait contraint à abandonner mon projet.
Lorsque je nous ai inscrit tous les trois, j'ai pris conscience qu'il fallait vraiment que je m'exerce. L'organisatrice m'avait gentiment envoyé les thèmes des années précédentes.
J'ai fait un premier essai un matin entre 8h15 et 10h, à un moment où mon esprit flotte encore dans les brumes non dissipées du sommeil. La bonne surprise, c'est que j'ai réussi à créer une nouvelle digne de ce nom, avec donc un début et une fin, dans les temps impartis. J'avais même une petite marge de 20 minutes pour me relire et corriger quelques coquilles.
La mauvaise surprise, c'est que ce texte était mal calibré, déséquilibré entre une introduction trop longue, un ventre mou au milieu et une fin trop peu développée. En clair, je ne pouvais pas espérer gagner avec ça !
Mais je ne suis pas du genre à renoncer !
Dès le lendemain, fort de cette première tentative qui n'était pas un échec complet, je remettais ça. Cette fois, le texte était nettement plus convaincant. Riche, agréable à lire, original, mais avec toujours un ventre mou fait d'explications beaucoup trop "tell". Le thème que j'avais à travailler pour cet entraînement s'accordait très bien avec l'AT Mondes virtuels, Mondes réels. J'ai donc décidé de conserver cette nouvelle, née en un temps très court, pour la retravailler et l'envoyer. (j'en reparlerai dans un article sur Mondes virtuels, monde réel).
Je me sentais mieux presque prêt. J'ai attendu la veille du concours pour me livrer à un troisième et dernier essai, relativement convaincant lui aussi, qui a achevé de me mettre en confiance.

Le match




Anaïs, Guillaume et moi sommes assez complémentaires. Guillaume est un Architecte, de ceux qui bâtissent leur histoire patiemment, pierre après pierre jusqu'à obtenir un tout bien carré. Il est adepte de fantasy et de SF. Anaïs préfère les histoires plus longues, elle aime construire patiemment ses personnages, leur donner vie ligne après ligne, et préfère la fantasy et la fantasy jeunesse. Quant à moi, ma foi je suis bien incapable de dire comment je fonctionne au juste ! Ce que je sais c'est que Mme Muse est une machine de combat. Je lui lance un thème comme on lance une patate chaude, elle l'attrape au vol, la décortique, l'épluche à la volée, trouve je ne sais où de l'huile bouillante, et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elle me fait une assiette de frites ! En terme de genre, j'ai toujours un penchant pour le fantastique, l'anticipation et la fantasy.
Ainsi, la répartition des thèmes proposés a été un jeu d'enfant !
Guillaume s'est approprié : "une greffe, nouveau membre... Aïe, il y a un bug".
Anaïs s'est sentie à l'aise sur : "Ma voix est mon arme, mon sang ma défense."
Quant à moi, j'ai pu naviguer sur : "Je meurs toutes les 30 minutes."
Le temps a filé pendant cette épreuve. Nous n'entendions que le cliquetis des claviers, chaque auteur était en immersion dans son microcosme qu'il construisait pas à pas, et les minutes s'égrenaient. Je pensais surtout à ne pas laisser ce ventre mou, qui est mon principal défaut. Je devais faire simple pour éviter de devoir expliquer. Mes exercices m'avaient convaincu que, pour ce match, il vaut mieux rédiger au présent, et tant qu'à faire, à la première personne du singulier, afin de donner plus de pêche au texte. Conscient de disposer de 8 minutes de moins que pendant mes entraînements, je n'ai pas trainé.
Finalement, il me restait 25 minutes pour me relire, ce qui fut nettement suffisant. Au point que, lors des cinq dernières minutes, Guillaume et moi avons interverti nos places, afin que chacun puisse relire l'autre.

Attente et résultats 




Il était 17h vendredi lorsque nous avons quitté la BMI d'Épinal, sous un soleil de plomb pour rejoindre l'espace cours. Guillaume semblait confiant, Anaïs un peu moins, et pour ma part, si j'étais satisfait de mon texte, je me demandais s'il ferait le poids face aux autres.
Petit à petit, j'ai laissé de côté l'espoir de gagner. SI je pouvais déjà m'enorgueillir d'avoir fait un texte acceptable, je pourrais m'estimer satisfait. Au besoin, je pourrais toujours le retravailler et l'envoyer en réponse à un AT.
Dimanche, j'étais le seul représentant de mon équipe encore présent à Épinal. Anaïs était partie la veille au soir, et Guillaume avait pris le train pour Lille tôt le matin.
À 13 heures, je rejoignais Audrey et Ioana à l'espace Cours, toutes deux collègues amatrices et membres de Cocyclics. La proclamation des résultats commença par le thème que j'avais traité.
Lorsque l'organisatrice appela mon nom pour la meilleure nouvelle de mon thème selon les votes du public, mon coeur se mit à battre plus fort, et un grand sourire étira mes lèvres.
Audrey eut la même surprise lorsque son nom fut appelé. Elle avait également écrit la meilleure nouvelle de sa catégorie.
Restait à déterminer l'équipe gagnante, ce qui ne fut pas une tâche facile pour le jury. La moyenne des notes attribuées aux textes de deux équipes était identique. Il y avait donc égalité.
Mais il fallait une équipe gagnante. Les organisateurs ont donc mesuré l'écart type, c'est-à-dire l'amplitude entre la meilleure et la moins bonne note entre les trois nouvelles de chaque équipe.
Nous avons remporté la victoire parce que le jury a trouvé nos nouvelles plus homogènes.

Cette victoire inattendue permettra à nos trois nouvelles de paraître dans un prochain numéro d'AOC. Elles seront imprimées en l'état où nous les avons rendues au jury, sans correction éditoriale ni retouche.
Il s'agira de ma toute première nouvelle publiée. Mais je compte faire en sorte qu'il y en ait d'autres !

Merci à AOC et Présences d'Esprits



pour ce concours brillamment organisé et très stimulant. Je compte bien revenir l'an prochain, je l'espère avec la même équipe, et remettre ça !


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