vendredi 8 avril 2016

Vivre de sa plume, la suite (partie 3/4)

Après l'interview de Nadia Coste, qui nous a expliqué son parcours d'écrivain publiée par la voie traditionnelle, retour chez les indépendants. Mon invitée pour cette troisième interview fait également son chemin dans l'autoédition et en a même fait un tour très complet puisque, outre ces romans, elle propose un guide sur cette même autoédition. 
J'ai le grand plaisir de passer la parole à Nathalie Bagadey ;)

            F. Ash - Bonjour Nathalie, merci de m'accorder cette interview.
            N. Bagadey - De rien, cela me fait très plaisir.

            F. Ash - Tout d'abord, peux-tu te présenter ?
            N. Bagadey - Bonjour à tous. Je suis autrice de fantasy (oui oui, c’est bien « autrice » qu’il faut dire, la faute à Richelieu si vous n’avez pas l’habitude d’entendre ce mot…) et publiée depuis 2012. D’abord par de petites maisons d’édition et aujourd'hui en autoédition.


           
            F. Ash - Justement, comme j'ai une grosse dent contre le cardinal, je préfère dire "auteure" ;) Tu as déjà deux romans en autoédition (Éclosia ou l'Écosse des Légendes et Kassandra et la Grèce des Légendes). Qu'est-ce qui t'a fait choisir la voie de l'autoédition ?
            N. Bagadey -  J’ai choisi l’autoédition car j’ai été déçue de certains aspects de l’édition classique, en petite maison notamment :
·         des délais plutôt longs (réponse aux soumissions, publication d’un manuscrit retenu, communication avec l’auteur) ;
·         un manque de transparence ou de concertation de l’auteur (chiffres sur les ventes, choix de la couverture) ;
·         des réseaux souvent insuffisants en ce qui concerne la distribution et la promotion ;
·         des droits d’auteur très bas (entre 10 et 15 % du prix du livre).

            F. Ash - Plus récemment, tu as sorti un livre d'aide et de conseils intitulé "Autoédition : À vous de jouer." En quelques phrases, qu'y expliques-tu ?
            N. Bagadey -  Je me suis servie de l’expérience de mes deux premières publications en autoédition pour guider, pas à pas, d’autres auteurs dans une aventure qui peut s’avérer compliquée, surtout si on ne maîtrise pas l’anglais (la plate-forme d’Amazon notamment, ne fonctionne que dans cette langue).
Dans le même temps, j’espère inciter des auteurs n’ayant jamais publié à se lancer car pour moi rien n’est pire que de laisser son manuscrit dans un tiroir. Trop d’auteurs attendent que leur manuscrit soit repéré par un grand éditeur. Or, aujourd'hui, le secteur est bouché, il faut trouver d’autres alternatives.



            F. Ash - Existe-t-il en France des communautés ou associations d'auteurs autoédités ?
            N. Bagadey -  Oui, c’est d’ailleurs le sujet d’une prochaine chronique que je compte publier sur le site de MonBestSeller.com : s’autoéditer ne signifie pas que l’on se retrouve seul au monde. Une communauté grandissante d’auteurs autoédités s’est formée et on peut trouver de nombreux conseils auprès des vétérans, que ce soit dans des groupes Facebook ou sur les sites internet des auteurs.

            F. Ash - As-tu réussi à placer tes œuvres dans les librairies de ta région ? C'est difficile de convaincre un libraire de vendre un livre autoédité ?
            N. Bagadey -  Oui et non. J’ai trouvé des libraires enthousiastes, qui me prennent mes livres en « dépôt-vente » contre une commission de 20 à 30 % et je me rends chez eux pour y faire des dédicaces. Mais comme il s’agit d’un dépôt-vente, j’ai volontairement limité le nombre de librairies. J’ai également fait deux séances de dédicaces chez Cultura : ils ne gardent pas un stock de mes livres mais m’offrent l’opportunité de dédicacer chez eux de temps en temps et c’est toujours très intéressant.

            F. Ash - J'ai vu que, pour la première fois, le Salon du Livre de Paris accueillait cette année des auteurs autoédités. Selon toi, est-ce une victoire ?
            N. Bagadey -  Attention, le Salon du livre n’a pas vraiment fait la part belle aux auteurs indépendants. Si les « Indés » ont pu, en effet, être très visibles cette année, c’est grâce aux stands d’Amazon, Iggybook, MonBestSeller.com ou The Book Edition notamment. Et parce qu’étant active, la communauté des Indés s’est organisée pour qu’on ne nous oublie pas. Il n'empêche que c’est tout de même une belle victoire car il est temps que les auteurs autoédités soient considérés avec le respect qu’ils méritent pour la qualité de leur travail et leur succès auprès des lecteurs.

            F. Ash -  On voit souvent des autoédités à succès accepter un contrat chez un éditeur "classique". Qu'est-ce qui peut les pousser à renoncer à leur indépendance, selon toi ? Est-ce un choix que tu ferais si l'occasion t'était donnée ?
            N. Bagadey -  En effet, les éditeurs ont bien compris qu’ils avaient tout à gagner à sélectionner des manuscrits parmi ceux qui marchent bien en autoédition : le travail éditorial est alors bien allégé d’une part, et d’autre part, le livre a fait ses preuves en sachant conquérir le public.
En ce qui concerne le choix de l’auteur autoédité de « basculer » vers l’édition classique, je pense que l’atout principal d’un grand éditeur, c’est son réseau de distribution et son nom. Il s’engage sur un livre, sur une histoire, sur un auteur et pour le public c’est une « estampille », un gage de qualité.
J’y ai beaucoup réfléchi et ce que j’aimerais avoir comme statut c’est celui d’auteur « hybride » (comme de nombreux auteurs américains d’ailleurs) : autoéditée pour certains titres, comme ma série des « Voyages légendaires » (sur laquelle je tiens effectivement à garder le contrôle) et éditée par une grande maison pour ma tétralogie de fantasy, pour laquelle je souhaite la plus grande diffusion possible.



            F. Ash -  Pour déclarer tes revenus d'auteur, as-tu le statut d'auto entrepreneuse ? Existe-t-il d'autres possibilités ?
            N. Bagadey -  J’ai un statut particulier, en tant que fonctionnaire à temps partiel, aux frais réels : je déclare toutes mes dépenses et mes revenus d’auteur, sans avoir besoin, pour l’instant, de passer par le statut de micro-entrepreneur. Si je devais me développer, je pense que je créerais une association ou une entreprise d’édition, mais j’ai bien étudié le statut d’auto entrepreneur et il ne m’apparaît pas intéressant.

            F. Ash -  Est-ce qu'un jour, tu aimerais ne vivre que de ta plume ?
            N. Bagadey -  Oui, c’est mon rêve et je fais tout pour y arriver (salons, nouvelles publications, interventions en médiathèques…).

            F. Ash -  Merci beaucoup Nathalie. Je te souhaite plein de succès avec tes romans et ton guide.

            N. Bagadey -  Un grand merci, Francis. J’ai lu tes textes et ai beaucoup aimé ton style, je te souhaite de belles publications prochainement. 

Merci beaucoup, Nathalie ;)
Pour faire plus ample connaissance avec elle, vous pouvez retrouver Nathalie sur sa page facebook 
Ou encore par mail : http://eepurl.com/bFledL (passer par l’inscription à la liste d’autoédition à vous de jouer pour l’obtenir.) 


Pour lire les interviews de mes autres invités :
Arnaud Codeville
Nadia Coste
Agnès Marot

4 commentaires:

  1. Merci encore pour m'avoir donné la parole, Francis ! :)
    Et justement si tu n'apprécies pas Richelieu, adopte le vocable d'autrice ! C'est très bien expliqué ici : http://www.page-seauton.com/auteur-auteure-ou-autrice/

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    1. De rien Nathalie, c'est avec plaisir ;)
      J'avais déjà lu cet article, très intéressante d'ailleurs et c'est pour ça que j'ai choisi auteure. Autrice, c'est un renvoi au passé, avant Richelieu. On ne peut pas dire qu'il n'y avait pas de machisme au XVIIème siècle ^^. Le "auteure" inventé par nos cousins québecois me semble être une bonne réponse. On corrige la sottise du cardinal sans revenir en arrière ;)

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  2. Auteure ou autrice, Nathalie est passionnante et énergique. C'est super de l'avoir accueillie (et elle a plein de choses sympa à partager, en plus de ses textes)

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