lundi 13 juillet 2015

Jardinier, vraiment ?

On apprend beaucoup de choses en fréquentant d'autres auteurs. C'est mon cas depuis quelques temps, déjà. Entre autres choses, on m'a dit que les auteurs qui ont tendance à ne pas rédiger de plan sont qualifiés de "jardiniers", tandis que ceux qui planifient tout sont appelés "architectes".

Tant que je vivais en appartement, avec de lointains souvenirs de tonte du gazon de la maison de mon père, ça ne me choquait pas. Il est vrai que, pour la tonte des 200m² de pelouse dont j'avais la charge, je ne faisais pas preuve d'une organisation infaillible. Je le faisais quand je trouvais que le gazon devenait trop haut, quand j'avais le temps. Mais étais-je pour autant un jardinier ?

Depuis que j'ai investi la maison, et en particulier le grand jardin de 2000m², garni d'arbres fruitiers, de baies et autres herbes, je me rends compte petit à petit que "jardinier = un peu bordélique", ça ne tient pas la route.

Si j'envisageais mon jardin comme j'envisage mes récits, au feeling, en fonction de mes envies, je planterais mes tomates maintenant. Oui, comme ça, hop. Parce que j'ai envie de tomates. 



J'en vois plusieurs, derrière leurs écrans, qui s'adonnent aux joies du facepalm. Parce qu'ils savent à quel résultat je me trouverais confronté : mes petits plants de tomate commenceraient à pousser, gentiment, puis arriverait le froid automnal. Les plants s'effondreraient et mourraient avant les premières gelées. Quant aux tomates, je serais quitte à aller en acheter au marché. 




Non, quand on veut planter une plante dans son jardin, il faut le faire au bon moment, après avoir préparé le sol et en tenant compte de la météo. Le feeling, dans l'exemple que j'ai cité, réside dans les choix des variétés de tomates qu'on a envie de faire pousser.


J'aimerais donc comprendre pourquoi on tend à dire, en littérature, que les auteurs qui fonctionnent au feeling sont des jardiniers. Surtout qu'on les oppose aux architectes. Un jardinier est forcément un peu architecte. Il doit tenir compte de la composition de sa terre, de l'ensoleillement, du climat de sa région. Parfois même de ce qu'il a planté à tel ou tel endroit les années précédentes !

Bref, tout ça pour dire qu'un jardinier n'est pas quelqu'un de bordélique. Il ne peut pas se le permettre.
Ceci dit, j'accepte volontiers qu'on continue à me qualifier de jardinier. J'adore m'occuper de mon jardin :)



4 commentaires:

  1. C'est au sens : le jardinier regarde son roman pousser dans la direction où ça veut, tandis que l'architecte le construit selon des plans précis ;)

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  2. Merci pour l'éclaircissement, Crazy. Mais là encore, ça ne correspond pas à la réalité du jardinage ;) Si tu laisses tes arbres, plantes ou autres pousser dans le sens qui leur convient, ton jardin devient une jungle car certaines espèces sont très invasives (framboisiers, menthe... ). Pour d'autres, mieux vaut les guider pour leur éviter des maladies, comme les tomates qu'on fait pousser contre un tuteur.
    Par contre, sais-tu de qui vient cette analogie ?

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  3. Je plussoie Crazy. Y'a qu'à lire la citation de Martin qui a remis les termes architecte et jardinier au goût du jour pour se rendre compte que personne d'informé n'emploie jardinier au sens de bordélique : http://www.goodreads.com/quotes/749309-i-think-there-are-two-types-of-writers-the-architects

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    1. Merci pour le lien, Xavier. En effet, dans ce sens-là, c'est beaucoup mieux ;)

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