vendredi 26 juin 2015

Trois romans, sinon rien.

Peut-être vous souvenez-vous de mes bonnes résolutions, prises en début d'année 2015 ? Sinon, permettez-moi de vous les rappeler : je voulais passer l'année à écrire trois romans et à corriger Essence d'Asphalte. Les nouvelles devaient être reléguées à des moments de creux, voir mises de côté. J'avais même prévu, quelque part dans un coin de ma tête, mon petit planning : corrections d'EDA en Janvier ou Février, écriture d'un roman et Mars et Avril, d'un second en Juillet et Août, et le troisième en fin d'année, pour coïncider avec le NaNo.

Joli programme, n'est-ce pas ?

crédits : aleanjourney.com


Petit bilan à mi-parcours : je n'ai pas corrigé EDA autant que je l'aurais voulu avant de l'envoyer à mes Alpha-Lectrices, je n'ai écrit aucun nouveau roman, mais j'ai quand même corrigé et/ou écrit quelques nouvelles. 
Je suis donc très très loin de mes objectifs. Je n'écrirai pas trois romans en 2015, ce n'est plus possible matériellement. Pour tout dire, je suis très déçu par moi-même. J'ai l'impression de ne pas avoir fait grand chose depuis ce début d'année, à cause d'une tendance à l'éparpillement qui me conduit à passer beaucoup de temps à me demander ce que je dois faire et, surtout, dans quel ordre.
Il me semble que cette propension est spécifiquement liée aux nouvelles. À vouloir en écrire plusieurs en rafale, je piétine.

Il est donc grand temps que je me ressaisisses. J'aimerais chasser la détestable impression de n'être qu'un scribouillard à l'état végétatif.

 Vous voyez ce que je veux dire... (crédits : soocurious.com)


Quand je me suis remis sérieusement à l'écriture, j'ai commencé par des nouvelles. Aujourd'hui, j'ai l'impression d'en avoir fait le tour. Le souci, c'est qu'on n'écrit pas un roman comme une nouvelle. On peut faire des événements comme les 24h de la nouvelle, on ne le fera jamais pour les romans. Et j'ai bien peur de ne pas faire partie de ces auteurs qui peuvent créer un roman court ou une novella en une semaine, comme l'a récemment fait Cécile Duquenne avec La Tour.

 Splendide couverture d'Alexandra V. Bach.


Non, pour écrire le premier jet d'un roman, il me faut grosso-modo deux mois. De préférence avec la tête dans le guidon, entièrement absorbé par mon univers, jusqu'à faire corps avec lui. Jusqu'à avoir l'impression que je suis dans le décor que je décris, au milieu de mes personnages. C'est d'ailleurs ce paramètre qui m'a poussé à procrastiner jusqu'ici. Je calibre ma plage d'écriture de roman comme d'autres calibrent le lancement d'un lanceur de satellite dans l'espace. Sans doute est-ce un peu trop !
Après tout, beaucoup d'auteurs écrivent quand ils peuvent, s'octroyant une demi-heure par-ci par-là, quand les enfants sont couchés ou quand le TER a du retard. Leurs romans n'en sont pas moins bons. Si tous ces auteurs peuvent écrire dans des conditions qui ne sont pas optimales, pourquoi pas moi ?

Donc, à partir du mois de juillet, je vais mettre les nouvelles entre parenthèses. Je vais d'abord corriger EDA, puis entamer un nouveau roman, puis un autre... En espérant que d'ici un an, j'ai trois romans écrits à mon actif (ils ne seront pas tous corrigés-propres-nickels-impeccables-prêts-à-être-envoyés-chez-un-éditeur, mais ils seront écrits. ) Si je ne suis pas capable de faire ça, qu'il me soit interdit de me prétendre auteur !
Rendez-moi service : si vous me voyez dévier de cette ligne de conduite, reprenez-moi. Bottez-moi les fesses à coup de Doc Martens. Flagellez-moi avec un glaïeul en aluminium. 

 Ce ne sont pas des glaïeuls, j'ignore s'ils sont en aluminium, mais ça fera l'affaire :) 
(crédits : Ulysse 31)

N'y allez pas de main morte, je suis une bestiole à peau dure. La méthode douce n'a jamais été la plus efficace avec moi, à mon grand regret. Surtout, n'hésitez pas. Ce sera pour mon bien :)



lundi 8 juin 2015

Que faut-il pour espérer être édité ?

J'aime bien quand un de mes articles fait réagir !
Pour celles et ceux qui n'étaient pas là, ce fut le cas samedi, lorsque Xavier a largement commenté mon article sur ce qu'il faut pour écrire une fiction.

Je ne reviendrai pas ici sur le débat autour de Muse. Je pense m'être suffisamment exprimé à ce sujet, et si vous voulez connaître l'avis, documenté et argumenté, de Xavier, allez lire son article.

En revanche, ce cher blondinet a mis le doigt sur un autre point, tout aussi intéressant et qui m'a interpellé. Xavier a dit : "Et donc, pour écrire de la fiction, il (...) savoir sa grammaire" ? (...) c'est tirer un trait rouge sur ce qui fait réellement un bon texte, et qui justement se cache réellement derrière ce "muse", tout le vrai procédé créatif : travailler le rythme, la montée de la tension, les enjeux et les risques, l'appropriation des personnages, la narration au service de l'histoire, les idées originales ou originalement remodelées, réassemblées, recombinées, etc. etc. La grammaire et l'orthographe, tu peux t'autoriser quelques lacunes, les éditeurs ont des correcteurs pour ça ; mais si ton histoire n'est pas bonne, l'éditeur t'enverra bouler"



Ce n'était pas l'objet de mon article - je ne parlais que d'écrire une fiction, même pas une "bonne" fiction - mais tout ceci est très vrai. Alors, puisque le sujet est lancé, creusons-le un peu.

Ou plutôt, laissons ceux qui savent de quoi ils parlent en disserter. Car pour ma part, je vous ai déjà dit à peu près tout ce que je sais dans de précédents articles. Pour le moment, j'ai eu l'honneur de voir 5 de mes nouvelles publiées, mais pas encore de roman. Je compte que cela vienne un jour prochain et j'y travaille, mais je ne suis pas capable de vous donner des conseils fiables à 100% à ce sujet.

En revanche, je peux partager mes sources avec vous ! Plusieurs auteurs ont distillé dans leurs blogs des conseils très judicieux, basés sur leurs expériences.


Un auteur expérimenté, mais qui n'a pas de blog ;(


Je vous invite donc à éplucher le blog de Tonton Beorn, riche de conseils et d'informations. Paul Beorn sait de quoi il parle puisque son 7ème roman - Le Septième Guerrier-Mage - vient de sortir chez Bragelonne.

Passez aussi rendre visite à Agnès Marot, auteur de l'excellent roman De L'autre Côté Du Mur et éditrice indépendante, qui a récemment organisé sur son blog toute une rubrique dédiée à l'écriture, dans laquelle cette talentueuse jeune femme explique ce qui fonctionne pour elle et fait part de ses ressentis. Ne vous privez pas d'explorer les autres rubriques de son blog :) et découvrez son oeuvre.

Vous trouverez également de nombreux et judicieux conseils sur le blog de Lise Syven - auteur entre autre de La Balance Brisée qui comporte aussi une rubrique dédiée à l'écriture. Là aussi, donnez-vous le temps de lire les autres rubriques, pour faire connaissance avec ses romans, ce serait dommage de les rater.

Le très bon site Espaces Comprises vous offrira conseils et témoignages intéressants. Si vous ne savez pas comment concevoir un récit, par exemple, essayez la méthode du flocon, ce ne sera de toute façon pas une perte de temps.

Cindy Van Wilder, auteur des Outrepasseurs et récipiendaire en 2014 du prix des imaginales du roman pour la jeunesse, tient également un blog très intéressant. Elle y a créé une page complète de ressources pour les auteurs.

Enfin, pour savoir un maximum de choses sur le monde de l'édition avec une bonne pointe de cynisme, je vous conseille le blog de Stoni. Toutefois, sachez que Stoni n'appartient pas au monde de la SFFF et n'en connaît pas les spécificités. Ses critères d'évaluation d'un bon éditeur, en fonction de son distributeur, sont donc à prendre entre parenthèses (même s'il est clair qu'un éditeur bien distribué est toujours un plus, en SFFF, certains éditeurs ont un beau succès et une certaine aura sans être distribués.)



Voilà, vous avez déjà de quoi faire. Bien sûr, si vous avez d'autres sources, d'autres blogs ou sites à conseiller, profitez de la rubrique "commentaires" pour en faire part, c'est toujours un plaisir pour moi d'élargir mon horizon - et ça servira à toutes celles et tous ceux qui passeront par ici.

Si je n'avais qu'un seul conseil à marteler, ce serait le suivant : écrivez. Encore et encore, aussi souvent que vous le pouvez. L'écriture est une discipline à part entière. Elle requière méthode et entraînement, comme un sport qu'on voudrait pratiquer à haut niveau. L'avantage, par rapport au sport, c'est qu'on peut rester au sommet de son art jusqu'à un âge canonique. Mais n'allez pas croire que ce soit moins fatigant :)





samedi 6 juin 2015

Que faut-il pour écrire une fiction ?

Suite à mon dernier article, où j'affirme que le don de l'écriture n'existe pas, vous avez été nombreuses et nombreux à réagir, ici ou sur Facebook. Des réactions sensées, qui m'incitent à penser que je n'ai pas été assez exhaustif. 
Je vais donc compléter mon propos. Considérez ce nouvel article comme une préquelle du précédent (mais vous pouvez lire les deux dans l'ordre qui vous plaira, tant que vous parcourez ces lignes de gauche à droite et de haut en bas :) )

Je vais commencer par répondre à la remarque pleine de sens d'Alex Evans : oui, on parle bien ici d'écrire une fiction. Rédiger des articles de presse, des guides touristiques, des livres d'histoire ou tout ce qui n'est pas de l'ordre du roman est une autre tâche, qui ne fait pas appel aux mêmes qualités. Je ne vais pas prendre le risque de m'aventurer sur ces terrains que je ne maîtrise pas. Des milliers d'autres auteurs sauront le faire à ma place. Comme tu le disais, Alex, écrire une fiction (fut-elle SFFF ou pas, d'ailleurs) requière de l'imagination. 

L'imagination, c'est cette aptitude qu'on possède tous à transcender les frontières du réel pour créer autre chose. 
Pourtant, je vais faire ici une distinction entre l'imagination contrôlée et l'imagination débordante. On utilise l'imagination contrôlée pour rassembler des souvenirs et les utiliser pour créer une autre réalité. Que se serait-il passé, par exemple, si au lieu de prendre les maths comme matière au rattrapage j'avais pris l'anglais ? De là, je peux échafauder un scénario alternatif, admettant que je n'aurai alors pas dû redoubler ma terminale, et je vous passe le reste. Mais vous voyez le principe : ce scénario, je le bâtis sur la base d'une réalité existante dont je me souviens, et j'y pense consciemment.
L'imagination débordante, elle, s'invite toute seule. C'est elle que j'appelle "Muse". 
Puisqu'on parle de Muse, et pour répondre à Xavier, il ne s'agit pas ici de mythes grecs. J'emploie le terme "Muse" par confort, et pour personnifier le mécanisme mental qui fait que des idées me viennent à l'esprit subitement, sans que j'ai produit le moindre effort conscient pour qu'elles arrivent. Vous conviendrez que c'est plus simple dire Muse que "le mécanisme mental..."
Cette Muse est aussi envahissante qu'indispensable. Sans elle, point de fiction ! La plupart des auteurs que je connaisse sont pris d'assaut régulièrement par Muse, qui peut arriver sans crier gare à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit. Mais c'est elle qui nous donne la matière première de toute fiction : l'idée du récit. Nous sommes donc tenus de la traiter avec respect et de lui tendre l'oreille quand elle se manifeste. Si vous ne disposez pas de cette matière première, il vous sera très difficile de penser une histoire et, par voie de conséquence, d'avoir envie de la raconter. 

Il y a toutefois une chose au moins aussi importante que l'imagination pour écrire un récit : la maîtrise de la langue dans laquelle on s'exprime. Je ne parlerai pas ici de vocabulaire, déjà parce que chacun a le sien, mais aussi parce qu'il n'est pas indispensable de connaître tout le dictionnaire par cœur pour être un bon auteur. En revanche, vous ne pouvez pas vous offrir le luxe de cracher sur les bases de la langue que sont la grammaire et l'orthographe. Ne me dites pas que la grammaire vous barbe et vous a toujours barbé, ou bien que quand vous écrivez par SMS : "'lut miss, tkt sava trankill, bizz" on vous comprend quand même. 
Ici, on parle de littérature. Donc, de faire des phrases propres et construites selon les règles en vigueur, et d'orthographier correctement les mots que vous employez.
Vous n'êtes pas doué à ce petit jeu-là ? J'ai une bonne nouvelle pour vous : on apprend à tout âge ! Payez vous des Bescherelle et apprenez. Offrez vous Antidote, il corrigera une bonne partie de vos erreurs (attention, je n'ai pas dit "toutes vos erreurs". Aussi évolué que soit ce logiciel, il reste perfectible.)
Permettez-moi de vous confier un petit secret : plus jeune, je n'aimais pas la grammaire. En particulier ses termes barbares et ses formes les plus tordues. En revanche, je n'ai jamais été mauvais en orthographe. Quand je me suis mis à prendre la plume et à le faire avec soin et application, j'ai vite compris que mes lacunes en grammaire posaient quelques problèmes. Déjà à mes lecteurs, qui butaient sur mes fautes d'accord comme on se prend les pieds dans le tapis de la salle de bain le matin, quand il est un peu trop tôt. Ensuite à moi, qui n'osait plus m'aventurer trop loin dans les formes tarabiscotées, par peur de me rater. J'ai donc simplifié ma prose, presque à l'extrême, pour arriver à des phrases de type "sujet + verbe + complément." Croyez-moi sur parole, cette structure ne produit pas une littérature très riche et, encore moins, captivante.
J'ai donc pris mon courage à deux mains et me suis replongé sur le fonctionnement des accords. Sans être maître en ce domaine, je m'en sors maintenant correctement. Voilà qui me permet de varier mes structures et de ne plus avoir peur des inversions de sujet ou autres figures grammaticales qui permettent de varier les plaisirs.
Quand on écrit un récit, on s'adresse à un public. Peu importe que le lectorat se limite au conjoint, aux parents, à la tante qui vit  la campagne ou aux voisins, un lecteur est un lecteur. Le moindre des respects qu'on puisse lui témoigner, lui qui accepte de lire notre prose d'amateur, parfois hésitante et incertaine, c'est de lui proposer un récit dépourvu de fautes. À mes yeux, c'est une marque de politesse. Traitez-moi de vieux-jeu autant que vous voulez, je n'en démordrai pas.
Bien sûr, on a beau se relire attentivement, on laisse toujours passer des petites coquilles. Mais à la lecture, on ressent vite la différente entre un texte qui a été relu et corrigé, mais dont l'auteur n'a pas pu voir toutes les fautes et un texte qui n'a pas fait l'objet de la moindre attention. La densité de fautes à la ligne carrée n'est pas comparable ! Et je comprends la réaction de Magali, qui m'a fait remarquer que je n'avais pas aborder ce thème dans mon précédent article. Magali fait partie d'un comité de lecture. Elle reçoit des nouvelles à longueur d'année. Son rôle est de les lire, voir celles qui ont du potentiel ou pas, qui sont publiables ou pas. J'imagine qu'elle a autant de moments de plaisir, portée par un récit agréable, prenant et bien rédigé, que de moments de désespoir, engluée dans des lignes mal orthographiées, où les règles du français sont bafouées. 

Désolé pour ce long laïus sur l'orthographe et la grammaire, mais ça me tenait à cœur. 

Donc, que faut-il pour écrire une fiction ? De l'imagination et, pour résumer, une bonne dose d'investissement personnel. Écrire, se relire, se corriger, se faire lire, écouter les critiques - positives et négatives - prendre du recul, retravailler, améliorer, encore et encore jusqu'à ce que le récit soit satisfaisant. Ce sont des habitudes à prendre, des réflexes à acquérir.
Quand on est motivé, on s'y fait très vite. On peut même y prendre plaisir.
Dans le cas contraire, je pense qu'on passe vite à autre chose ;)